jeudi 19 avril 2018

C'est tout ?

Et je me suis senti désarmé.
Les mots sont peu quand la distance
brouille la communication. Syllabes

sonores, qu'on voudrait pleines comme
des baisers et qui cliquettent bas,
métalliques sous nos doigts.

Que ne donnerais-je pour revenir en
arrière, revenir en enfance, l'enfance
d'un soir de printemps, tout contre

le Turó Park de mes belles années, que
je longeais sans oser y pénétrer, sans savoir
qu'en son sein était une oreille d'eau sombre

et moussue, à la forme exacte, quoique réduite,
de l'île de mes aïeux chéris. Je passais alors
mes nuits à négliger le sommeil dans des hôtels

de fortune et à marcher des heures durant. Semelles
d'encre et de cellulose comme d'autres les voulurent
de vent. Nostalgie pressentie, comme celle qui, voici

peu m'a conduit à confier à l'ami Esteve des lambeaux
éclairants de mon passé entre diverses terres, baignées
de sel et de sang, où paissent les troupeaux. Bergère,

ô tour Eiffel... Mais Apollinaire est loin et, à mon cou,
sa minerve semble de carton. Ce n'étaient que quelques mots,
au cœur d'une nuit insolite, destinés à me racheter à tes yeux,

mon âme et mon trésor, ombre légère aux yeux clos, mais que
je sens glisser, dans le tintement de l'horloge que Clara,
pessoenne en diable, dispose juste, pour apaiser ses invités.